PLAISIR DE LIRE DESIR D'ECRIRE:
11 mai 2010
Pérégrinations d'autrefois
lys de montagne
Eglise Saint Césaire
Peregrinations d'autrefois
Ce témoignage de Mireille Grillasca , ma cousine, illustre bien l'époque vécue par nos grands parents: il s'agit en effet dans ce récit de notre grand mère Angèle marie et de sa soeur tsia Mèmè, et c'est pour ma mère qu'elles se rendaient à Bastia par la montagne
Olmeta Du Cap est un joli petit village niché au creux des montagnes..La vie autrefois y était très dure comme partout, mais les Olmétais avaient la possibilité de se rendre à pied à Bastia par la « montagne » , une chance pour eux d’ouverture mais aussi et surtout un surcroît de fatigue.
Pour se rendre à Bastia à pied , il fallait d’abord descendre au fond de la vallée par un sentier caillouteux , traverser le pont génois qui enjambe la rivière , grimper ensuite vers les crêtes par un chemin pentu et, une fois parvenu à « Bocca d’Antigliu » à 879 m d’altitude , descendre vers la plaine
De Santa Maria Di Lota , en traversant Mandriale, Figarella…A Miomo on attendait la diligence qui conduisait à Bastia…cela demandait plus de trois heures de route. : il faudra attendre 1929 pour profiter des premiers transports en commun.
Ma grand-mère était l’aînée de douze enfants et de ce fait, n’avait jamais pu aller à l’école; de plus elle n’ avait accepté de se marier qu’une fois tous ses frères établis à Porto Rico , cela pour dire son esprit de la famille et la conscience qu’elle avait de ses responsabilités.
Nous sommes maintenant en 1918; ma grand mère a quatre enfants; son mari navigateur ne rentre « au pays » que tous les 3 ou 4 ans: elle a la charge tous les travaux des champs, de son ménage et le souci de l’avenir des siens. A la maison ni électricité, ni eau courante , la vie quotidienne alors n’était pas facile.
Or, un après midi du mois de juin, alors qu’elle pétrissait la pâte pour le pain de la semaine, elle voit venir à elle l’instituteur de sa fille aînée Angèle.. Imaginez sa joie et sa fierté quand le maître insiste pour qu’Angèle, vraiment douée, continue à étudier:« Il faut à tout prix lui trouver une pension à Bastia pour qu’elle puisse poursuivre ses études secondaires.
Ma grand-mère respectait et aimait les études , aussi, est -ce avec un immense bonheur qu’un matin du mois de septembre elle se rendit à Bastia « par la montagne » pour chercher une pension chez l’habitant. Mais autant chercher une aiguille dans une meule de foin !!
Sa jeune sœur Mémè l’accompagne..Elles s ‘adressent d’abord aux commerçants qu’elles connaissaient mais en pure perte. Elles décident alors de faire du porte à porte…elles ont ainsi frappé aux portes de tous les appartements de tous les étages de tous les immeubles du boulevard Paoli , mais toutes les portes se sont refermées sur un refus.
Plantées devant le palais de justice qu’allaient-elles faire? Renoncer? Persévérer? Vaillamment elles s’attaquent maintenant au boulevard Auguste Gaudin .Après avoir essuyé encore quelques refus , enfin, une dame propose de leur louer un petit meublé de 2 pièces qu’une vieille tante lui a laissé à sa mort.. Grand-mère saisit l’occasion la voilà comblée : sa fille viendra vivre à Bastia avec la grande cousine Françoise et elle poursuivra ses études .. C’est l’instituteur qui va être content !
L ‘après midi est déjà bien avancé et il faut songer au retour; restent les « commissions »! On ne va pas à Bastia sans faire quelques emplettes!! On descend la rue Napoléon où l’on trouve son bonheur.
Dans les quincailleries et les étalages divers de chaussures et autres..et vite on saute dans la première diligence en direction de Miomo avant la tombée de la nuit.
Le couffin sur la tête, elles montent maintenant le sentier de Mandriale , puis en route pour « Bocca d’Antigliu » avec son dénivelé de 653 m: mais on ne craint pas la fatigue, on a de bonnes jambes! Et du moment que la petite pourra poursuivre ses études, qu’on a fait les « commissions » même pour les voisins, , c’est le bonheur..Grand-mère et zia Mémè marchent allègrement vers leur village, éreintées , épuisées , mais tellement récompensées!
Les temps ont changé, ces sentiers sont devenus des chemins de randonnées , sillonnés pour le plaisir par des touristes épris de sensations fortes et de découvertes. Savent-ils que pendant des années les habitants de ce village les empruntaient par nécessité pour vendre en ville leur produit, souvent leur fromage, ou acheter ce qui leur manquait, et même quelquefois pour aller consulter un médecin?
Enfant, j’écoutais raconter ces expéditions avec le même intérêt et la même admiration que pouvait me procurer un roman d’ aventures . Aujourd’hui j’ai privilégié cette relation , témoignage pour moi exemplaire , qui illustre le caractère trempé de ces femmes courageuses , énergiques ,obstinées et responsables à qui nous devons beaucoup.
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Eglise Saint Césaire
Peregrinations d'autrefois
Ce témoignage de Mireille Grillasca , ma cousine, illustre bien l'époque vécue par nos grands parents: il s'agit en effet dans ce récit de notre grand mère Angèle marie et de sa soeur tsia Mèmè, et c'est pour ma mère qu'elles se rendaient à Bastia par la montagne
Olmeta Du Cap est un joli petit village niché au creux des montagnes..La vie autrefois y était très dure comme partout, mais les Olmétais avaient la possibilité de se rendre à pied à Bastia par la « montagne » , une chance pour eux d’ouverture mais aussi et surtout un surcroît de fatigue.
Pour se rendre à Bastia à pied , il fallait d’abord descendre au fond de la vallée par un sentier caillouteux , traverser le pont génois qui enjambe la rivière , grimper ensuite vers les crêtes par un chemin pentu et, une fois parvenu à « Bocca d’Antigliu » à 879 m d’altitude , descendre vers la plaine
De Santa Maria Di Lota , en traversant Mandriale, Figarella…A Miomo on attendait la diligence qui conduisait à Bastia…cela demandait plus de trois heures de route. : il faudra attendre 1929 pour profiter des premiers transports en commun.
Ma grand-mère était l’aînée de douze enfants et de ce fait, n’avait jamais pu aller à l’école; de plus elle n’ avait accepté de se marier qu’une fois tous ses frères établis à Porto Rico , cela pour dire son esprit de la famille et la conscience qu’elle avait de ses responsabilités.
Nous sommes maintenant en 1918; ma grand mère a quatre enfants; son mari navigateur ne rentre « au pays » que tous les 3 ou 4 ans: elle a la charge tous les travaux des champs, de son ménage et le souci de l’avenir des siens. A la maison ni électricité, ni eau courante , la vie quotidienne alors n’était pas facile.
Or, un après midi du mois de juin, alors qu’elle pétrissait la pâte pour le pain de la semaine, elle voit venir à elle l’instituteur de sa fille aînée Angèle.. Imaginez sa joie et sa fierté quand le maître insiste pour qu’Angèle, vraiment douée, continue à étudier:« Il faut à tout prix lui trouver une pension à Bastia pour qu’elle puisse poursuivre ses études secondaires.
Ma grand-mère respectait et aimait les études , aussi, est -ce avec un immense bonheur qu’un matin du mois de septembre elle se rendit à Bastia « par la montagne » pour chercher une pension chez l’habitant. Mais autant chercher une aiguille dans une meule de foin !!
Sa jeune sœur Mémè l’accompagne..Elles s ‘adressent d’abord aux commerçants qu’elles connaissaient mais en pure perte. Elles décident alors de faire du porte à porte…elles ont ainsi frappé aux portes de tous les appartements de tous les étages de tous les immeubles du boulevard Paoli , mais toutes les portes se sont refermées sur un refus.
Plantées devant le palais de justice qu’allaient-elles faire? Renoncer? Persévérer? Vaillamment elles s’attaquent maintenant au boulevard Auguste Gaudin .Après avoir essuyé encore quelques refus , enfin, une dame propose de leur louer un petit meublé de 2 pièces qu’une vieille tante lui a laissé à sa mort.. Grand-mère saisit l’occasion la voilà comblée : sa fille viendra vivre à Bastia avec la grande cousine Françoise et elle poursuivra ses études .. C’est l’instituteur qui va être content !
L ‘après midi est déjà bien avancé et il faut songer au retour; restent les « commissions »! On ne va pas à Bastia sans faire quelques emplettes!! On descend la rue Napoléon où l’on trouve son bonheur.
Dans les quincailleries et les étalages divers de chaussures et autres..et vite on saute dans la première diligence en direction de Miomo avant la tombée de la nuit.
Le couffin sur la tête, elles montent maintenant le sentier de Mandriale , puis en route pour « Bocca d’Antigliu » avec son dénivelé de 653 m: mais on ne craint pas la fatigue, on a de bonnes jambes! Et du moment que la petite pourra poursuivre ses études, qu’on a fait les « commissions » même pour les voisins, , c’est le bonheur..Grand-mère et zia Mémè marchent allègrement vers leur village, éreintées , épuisées , mais tellement récompensées!
Les temps ont changé, ces sentiers sont devenus des chemins de randonnées , sillonnés pour le plaisir par des touristes épris de sensations fortes et de découvertes. Savent-ils que pendant des années les habitants de ce village les empruntaient par nécessité pour vendre en ville leur produit, souvent leur fromage, ou acheter ce qui leur manquait, et même quelquefois pour aller consulter un médecin?
Enfant, j’écoutais raconter ces expéditions avec le même intérêt et la même admiration que pouvait me procurer un roman d’ aventures . Aujourd’hui j’ai privilégié cette relation , témoignage pour moi exemplaire , qui illustre le caractère trempé de ces femmes courageuses , énergiques ,obstinées et responsables à qui nous devons beaucoup.